J2 : Trouver son chemin à Ouaga.

Lorsque nous prenons la route, le soleil est déjà haut dans le ciel et le mercure s’affole déjà. De nombreuses rues sont barrées aux abords des sites du festival pour faciliter les contrôles, créant embouteillages et déviations. Les chauffeurs de taxi pestent et rivalisent d’imagination pour trouver des raccourcis. Certains fabriquent des raccourcis même. Direction Ciné Burkina où nous avons terminé la soirée d’hier. Cette fois-ci la salle est bondée. Nous commençons par un programme de courts métrages au sein duquel figurent des films qui viennent de l’Algérie, de Tunisie, du Mali et de la Guyane. Quatre films très différents et très inégaux également. Ce n’est pas  un problème en soi surtout si la différence ne se situe qu’au niveau des moyens de productions, les films les mieux réussis n’étant pas forcément les plus chers. Mais lorsque ces différences se situent dans l’aboutissement du scénario, dans l’intention, dans le jeu des acteurs ou dans la rigueur artistique alors un fossé infranchissable peut séparer un film du suivant. Un fossé dans lequel on jette à la fois le public qui ne s’en remet pas et le film qui est trop « en dessous » par rapport aux autres. On peut mentionner le très percutant BLACK MAMBA d’Amel Guellaty de la Tunisie qui a réveillé la salle.  L’histoire d’une jeune femme qui pratique la boxe en cachette, coachée par son frère et qui va devoir faire un choix radical pour aller au bout de sa passion.  Beaucoup de déception dans la salle et dans notre groupe en revanche autour du film PIMENTADE du guyanais Stéphane Floricien, l’histoire d’un déjeuner de famille qui tourne en règlement de comptes. Mais c’était peut-être l’attente, liée au contexte. Il faudra sans doute le revoir, ailleurs.

Pendant ce temps-là d’autres membres du groupe Cinémawon terminent d’installer l’exposition sur les pionniers du cinéma antillo-guyanais au Village CNA qui doit rester toute la semaine. La peinture n’est pas sèche en arrivant mais la chaleur sèche de Ouaga a du bon et en moins d’une heure la voie est libre. Cette exposition qui a été suggérée en partie par les membres du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) qui accueille le collectif, met à l’honneur quelques uns des cinéastes qui contribué à inscrire la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sur la carte mondiale du cinéma. 

Un peu plus tard, c’est au tour de Quartiers Lointains, le programme itinérant de courts métrages de la journaliste et distributrice Claire Diao d’illuminer les écrans du Village CNA. Le thème de la saison 5 est Image de soi et tous les films racontent des histoires de migration, d’identité, de retour au bercail ou de rêves d’adolescents. Des histoires pleines de poésie, des histoires drôles et toujours profondes, des histoires françaises qui ne sont pas ou trop peu représentées dans le cinéma hexagonal. Et en entendant Claire Diao expliquer comment elle construit la programmation de chaque saison, ce n’est plus la professionnelle qu’on entend mais d’abord l’amoureuse de cinéma. Cela parait assez évident en le disant mais on doute que cette donnée soit présente dans toutes les sélections de festivals de cinéma.

W. F.